Le spectateur immobile Carnets IV
«Lundi 13 novembre 1978
Envoûtement de la lecture, journaux, Mémoires où se révèlent la passion, les sentiments secrets, la vie d’un homme avec qui on entre en intimité jusqu’à éprouver pour lui l’estime, l’amitié qu’on aurait pour un ami cher. Ce n’est pas alors que l’esprit qui est touché par des qualités littéraires, mais tout de notre personne.
J’ai de la reconnaissance pour les écrivains qui se sont livrés de la sorte et, à talent égal, les préfère à tous autres.»
«À tous autres», c’est-à-dire aux romanciers. Louis Calaferte a une conception très personnelle de la littérature qui le tient éloigné depuis toujours de la fiction. Ces carnets ne sont donc pas un appendice à ce qui, par ailleurs, serait l’œuvre, mais constituent une part de l’œuvre elle-même. Ils sont au cœur de ce qui détermine l’attitude intellectuelle, esthétique et morale de l’écrivain, ce noyau de «forces essentielles» auquel plus qu’à tout Louis Calaferte est attaché.