Biographie
Biographie
1928
1994
Louis
Calaferte
” c’est avec moi-même que j’ai envie
Le jardin fermé (carnets XVI – 1994)
de m’entretenir
1928 – 1946 :
les années de découverte
Louis Calaferte est né le 14 juillet 1928 à Turin. Son père Ugo, maçon italien, ayant souhaité qu’il y voit le jour.
Marguerite, sa mère, de nationalité française réalise des travaux de couture à domicile puis, faisant face à l’adversité, crée une petite entreprise de confection, tabliers et vêtements d’enfants, qu’elle ira vendre sur les marchés forains, afin de subvenir aux besoins de la famille et d’assurer ainsi les soins nécessaires à son mari atteint de tuberculose.
Louis Calaferte a 12 ans au décès de son père. La France est occupée, époque dont il livrera le récit quelques mois avant sa mort dans C’est La Guerre.
A 13 ans, le certificat d’étude en poche, il est successivement garçon de courses dans une entreprise textile, puis manœuvre dans une usine de piles électriques. Malgré des conditions de travail épouvantables, c’est à cette époque qu’il découvre la lecture et l’art dramatique, par l’intermédiaire de retransmissions radiophoniques hebdomadaires et de fascicules de la Petite illustration prêtés par un contremaitre, féru de théâtre.
Sa décision est prise : il deviendra écrivain. Il n’aura plus désormais qu’un désir : écrire pour le théâtre et jouer la comédie. Il quitte alors l’usine et entre comme apprenti dessinateur dans un cabinet de soieries.
1947 – 1956 : les années d’illusion
En janvier 1947, il décide de « monter » à Paris pour tenter sa chance. Il n’y connaît personne, n’a aucune ressource et survit malgré de grandes difficultés matérielles (Début à Paris, in Km 500).
C’est à Paris, que faisant le sordide apprentissage de la misère, il commence néanmoins à écrire pièces et nouvelles.
Le comédien Guy RAPP, auquel il se présente pour une audition, prend connaissance d’une de ses nouvelles, le Déserteur, y décèle des dons de dialoguiste, et lui propose d’écrire une pièce en trois actes, qu’il mettra en scène si elle est réussie.
Rédigée en quelques semaines, Absence est présentée à Chartres et à Angers (1949) où elle sera plutôt bien accueillie par la presse. Mais à Paris, ce texte mélodramatique, auquel est ajointe une pièce en un acte, Babel, n’a aucun succès. La qualité des dialogues est néanmoins saluée par la critique.
En 1951, Louis Calaferte achève son premier livre, Requiem Des Innocents, dont il soumet le manuscrit à Joseph Kessel, qui s’enthousiasme et l’aide à en travailler la construction puis le présente lui-même à René Julliard.
Parution suivie très vite d’un second ouvrage, Partage Des Vivants, qui, obtiendra la Bourse del Duca, véritable consécration pour ce très jeune écrivain. Le livre retenu pour le prix Fémina, déclenchera une véritable bataille entre les membres du jury. Après treize tours de scrutin, le prix ne lui est pas attribué. Les journalistes déçus, lui décernent, à cette occasion, le prix Homina.
Cette gloire naissante assortie de la vie mondaine et parisienne des milieux littéraires, n’est pas celle que Louis Calaferte ambitionne.
1956-1970 : les années de renaissance
En 1956, il s’installe à Mornant, village des Monts du Lyonnais, avec Guillemette, rencontrée six ans plus tôt à Paris.
Dans cette retraite -il y demeure jusqu’en 1969- tout en menant parallèlement une activité de producteur-réalisateurs-animateur radiophonique (RTF, station régionale de Lyon), il consacre quatre années à l’écriture d’une fresque largement autobiographique Septentrion, qui tout en retraçant son expérience, esquisse déjà ses futures options intellectuelles et spirituelles.
C’est la brutale disparition, de René Julliard et la perspective quasi certaine de l’interdiction à la vente pour pornographie de Septentrion, qui font que cet ouvrage ne paraîtra que sur souscription. (Le livre sera publié que vingt-et-un ans plus tard, à l’instigation de Gérard Bourgadier, alors directeur des éditions Denoël).
Dès 1956, il entreprend le suivi de ses carnets qui seront édités par Gérard Bourgadier aux éditions Denoël et Gallimard. 16 volumes, du Chemin De Sion au Jardin Fermé qui accompagnent les lignes intérieures de l’auteur.
Dans le même temps, Louis Calaferte commence à dessiner et à peindre. Il créera aussi, plus tard, des objets poétiques.
En 1968 Il signe un contrat avec les éditions Denoël et publie consécutivement deux volumes ; Satori et Rosa Mystica.
Dès lors, son travail sera partagé, dans un juste équilibre, entre écriture et expression plastique.
1970-1980 : les années de reconnaissance
Si, Louis Calaferte s’est essayé très jeune au théâtre -sa première pièce est jouée quand il n’a que vingt ans- il aura amorcé dès cette époque, la réelle écriture de son œuvre dramatique.
Le public le découvre en 1972 avec Chez les Titch, dans une mise en scène de Jean-Pierre Miquel, interprétée par les Comédiens Français, au Petit Odéon.
Jean-Pierre Miquel poursuivra cette collaboration avec Louis Calaferte en créant, notamment, Mo, Trafic, Les Derniers Devoirs, Le Roi Victor.
Puis en 1976, avec Les Miettes, qui obtient le « Prix Ibsen ». Sylvie Favre, comédienne, et Victor Viala, metteur en scène, travaillent alors ensemble sur les pièces intimistes et baroques : Un Riche, Trois Pauvres ; L’Aquarium ; Aux Armes, Citoyens. Leur remarquable création autour d’Opéra Bleu, somme poétique inspirée, sera en 1993, l’ultime spectacle auquel assiste Louis Calaferte.
1980-1994 : les années de consolidation
Dans le courant de l’année 1979, Louis Calaferte acquiert une petite maison à Blaisy-Bas. C’est dans ce lieu privilégié qu’il passera les quinze dernières années de sa vie et rédigera plus de la moitié de son œuvre littéraire.
Louis Calaferte est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages : récits, essais, carnets : les éditions Tarabuste publieront la totalité de la poésie, comme les éditions Hesses, l’œuvre dramatique. (Celle-ci est, aujourd’hui, éditée par les éditions Tarabuste).
Ses pièces sont régulièrement jouées en France et à l’étranger.
Le Théâtre régional des Pays de la Loire (TRPL) dirigé par Patrick Pelloquet particulièrement attaché à cette partie de l’œuvre, montra Les Mandibules et fera deux créations : Une Sourie Grise ; Le Serment d’Hippocrate.
Par ailleurs, un important ensemble graphique accompagne le travail de l’écrivain. Le tout constituant un corpus cohérent, une étonnante autobiographie intérieure aux facettes multiples.
Couronné deux fois, en 1982 et en 1987, par l’Académie Française ; par le prix Michel Dard en 1983 ; Louis Calaferte reçoit en 1984 le Grand Prix de la Ville de Paris pour l’ensemble de son œuvre dramatique et, en 1992, le Prix National des Lettres.
Il meurt à Dijon le 2 mai 1994 et repose dans le cimetière de Blaisy-Bas.
Calaferte
vu par…
« Louis, plus que tout, aimait le tête-à-tête avec lui-même. Il parlait vrai. Il parlait haut et fort et avait pour pratique de soutenir, en toute occasion le fond de sa pensée. Il avait des enthousiasmes, des indignations, des professions de foi, des révoltes généreuses et des colères presque légendaires. Des naïvetés quelquefois. Il s’emportait, s’offusquait, frémissait, grondait, querellait. Mais dans le même temps, se montrait réservé, tenant secret ce qu’il avait à coeur, ne parlant pudiquement de son oeuvre qu’avec certaines timidités et sans jamais de vanité. » …Guillemette
« Des textes courts simples, sans littérature, d’un calme et d’une précision clinique. Avec de vraies chutes et, en trompe-l’œil, quelques fausses sorties. On croit trouver un livre et il s’agit bien d’un auteur : Il a son allure de solitaire. Il parle fort, avec emportement. Ses gestes sont saccadés, il a un tic qui lui chiffonne la joue. Il circule dans d’inquiétants clairs-obscurs. Son mutisme est une insolence. Il est épris de rareté. Il a sa tête d’enfant sombre qu’il garde au fond d’un placard. C’est moi, je le hais. » …Calaferte – Hinterland
« La création de Louis a goût de liberté, de dérision, d’irrévérence, de vivacité teintée de cynisme, d’humour et d’onirisme… La création de Louis est à multiples facettes aussi oniriques que celles créées par un kaléidoscope que les enfants tournent malicieusement pour chercher de nouvelles lignes, de nouvelles images, et s’enthousiasmer, sans retenue de leurs découvertes. On n’aligne pas les créations de Louis, il faut se laisser porter par ses fulgurances, ses exigences, ses paradoxes, ses tempêtes comme sa pure innocence… Découvrons Louis Calaferte, aventurier de l’intérieur, poète, mystique, anarchiste, alchimiste, philosophe, … Solitaire. » …Scarabée